Rencontre avec Camille Feltesse, monitrice clinique du programme de fellowship au Centre de cancérologie Charles-Bruneau

Depuis plusieurs années, la Fondation Charles-Bruneau finance un programme de fellowship au Centre de cancérologie Charles-Bruneau du CHU Sainte-Justine. En raison de leur spécialité en hémato-oncologie pédiatrique, les moniteur·ices cliniques qui obtiennent des bourses dans le cadre du programme proviennent souvent de l’extérieur du Canada. En plus d’obtenir une formation de pointe, ces participant·es de tous horizons enrichissent le savoir des équipes en place. Rencontre avec Dre Camille Feltesse, monitrice clinique depuis maintenant deux ans.

Pourriez-vous s’il-vous-plait nous dire quelques mots sur vous et sur votre parcours?

J’ai fait mes études de médecine à Paris, y compris la résidence de pédiatrie qui consiste en huit stages de six mois que nous réalisons dans différents services hospitaliers de notre choix. J’ai découvert l’hématologie-oncologie pédiatrique lors de mon troisième semestre et ai retrouvé dans cette spécialité les deux aspects de la médecine qui me passionnent : l’aspect relationnel avec l’enfant et les familles, qui est important pour toute spécialité mais qui devient primordial pour accompagner au mieux nos patients, et également l’aspect scientifique. L’hémato-oncologie est en effet une spécialité très large qui touche à l’ensemble du corps humain, les pathologies sont extrêmement variées et nécessitent une collaboration continue avec d’autres spécialités pédiatriques. C’est également un domaine où la recherche clinique et fondamentale est très active et les progrès réalisés dans les 30 dernières années au niveau de la survie et de l’amélioration de la qualité de vie à long terme sont une grande source d’espoir et de motivation.

 

Quelles étaient vos attentes initiales pour le programme de Fellowship? Qu’a-t-il permis pour votre carrière et pour vous personnellement?

Notre résidence de pédiatrie en France est très axée sur la pratique, nous avons une activité quasi-exclusive en clinique. Il est parfois difficile de réserver du temps à la formation théorique. De plus, certains aspects de notre future pratique clinique comme patron sont peu développés lors de la résidence, comme le suivi en externe des patients ayant terminé leurs traitements, ou encore la collaboration avec la banque du sang et les différents laboratoires.

Je souhaitais par ce programme consolider mes acquis cliniques et découvrir des aspects de la spécialité moins abordés en France tels que l’hémostase, l’hématologie bénigne suivie en clinique externe ou la médecine transfusionnelle. J’espérais aussi approfondir ma formation théorique dans tous les domaines de la surspécialité et avoir l’opportunité d’avoir du temps dédié pour la recherche. Enfin, j’étais curieuse sur le plan scientifique et humain de découvrir la pratique de la médecine en Amérique du Nord, aussi bien au niveau des protocoles de traitement utilisés qu’au niveau des différences dans l’organisation des équipes médicales et paramédicales.

Le programme m’a effectivement permis de compléter ma formation pratique et théorique et je me sens aujourd’hui bien mieux outillée pour ma future pratique! Sur le plan personnel, j’ai pu développer à Montréal un équilibre entre ma vie personnelle et ma vie professionnelle que je n’avais pas à Paris. Dre Laverdière, notre directrice de programme, est particulièrement bienveillante et à l’écoute. Elle a à cœur de nous fournir une formation solide sans sacrifier notre bien-être mental.

J’ai découvert à Sainte Justine l’existence des infirmières pivots, qui sont une ressource absolument essentielle aussi bien pour les patients que pour les médecins. Je reste impressionnée quotidiennement par la compétence et les efforts de l’équipe d’infirmières pivots dans le suivi et la prise en charge de leurs patients! L’ouverture des postes d’IPS me semble aussi être une avancée majeure qui je l’espère pourra se développer dans les prochaines années.

Enfin, je trouve que le lien du service avec la Fondation Charles-Bruneau se ressent particulièrement à Sainte Justine, notamment grâce aux divers évènements auxquels participent les équipes ainsi que les patients et leurs familles. L’implication de la Fondation et l’aide apportée par d’autres associations telles que Leucan font une vraie différence dans la vie de nos patients!

 

Selon vous, quels sont les avantages d’un tel programme pour le développement de la recherche en hémato-oncologie au Québec?

Les nombreuses personnes qui constituent l’équipe médicale du CHU Sainte Justine apportent chacun une expertise complémentaire dans les différents domaines de l’hématologie-oncologie pédiatrique. Grâce à cela et au temps réservé pour la recherche au cours du programme, les fellows ont la possibilité de participer activement à des projets de recherche clinique et/ou fondamentale au cours de leurs 2 ou 3 années de formation, et cela selon leurs domaines d’intérêt particuliers. Le lien avec le centre de recherche est très présent et nous sommes encouragés par la Fondation à publier des articles de revues et à participer aux congrès et autres réunions scientifiques. Cet appui tout au long de notre programme nous ouvre aussi l’opportunité d’approfondir nos projets de recherche par la suite, comme l’ont fait récemment plusieurs fellows après leur formation en débutant une thèse de science ou une maîtrise.

Des programmes comme celui de la Fondation Charles-Bruneau sont aussi essentiels pour développer une collaboration internationale vers notre objectif commun qu’est celui de guérir le cancer pédiatrique et de permettre à nos petits patients de grandir en santé.

 

Vous avez été recrutée par le CIUSSS de l’Estrie – CHUS  et avez décidé de rester au Québec après votre fellowship. Qu’est-ce qui vous a donné envie d’accepter ce poste et rester ici? 

Je suis arrivée à Montréal en pensant revenir en France comme patron, mais j’espère en effet aujourd’hui pouvoir poursuivre mon activité professionnelle au Québec.

Comme je l’expliquais plus tôt, j’ai été séduite par la collaboration des différentes équipes médicales et paramédicales au Québec qui est beaucoup plus développée qu’en France. L’implication des infirmier·ères et pharmacien·nes spécialisé·es en oncologie, des secrétaires médicales et autres permet de se concentrer sur les activités principales du médecin qui me tiennent à cœur: le soin aux patients, la recherche et l’enseignement. Bien sûr aucun système n’est parfait; travailler pour améliorer et développer cette collaboration représente un challenge que j’ai envie de relever!

Je terminerai mon fellowship en octobre 2023 et ai la chance d’être recrutée par le CHU de Sherbrooke. La date de début de mon mandat n’est pas encore fixée, nous travaillons actuellement avec l’équipe de Sherbrooke sur les modalités d’obtention du permis d’exercice de la médecine au Québec. J’espère pouvoir débuter dans le courant du premier semestre de 2024. Le fonctionnement du service d’hématologie-oncologie pédiatrique du CHUS concorde avec la façon dont je souhaite pratiquer cette spécialité et je me réjouis d’intégrer l’équipe de Dre Brossard! Sur le plan personnel, la région de l’Estrie correspond au cadre de vie que je recherche et j’ai hâte de mieux la découvrir.

En mon nom et au nom de l’ensemble des fellows du programme, je tiens à remercier sincèrement la Fondation pour l’opportunité qu’elle nous offre, ainsi que tous les donateurs pour leur participation active au développement de l’hématologie-oncologie pédiatrique par le biais du programme et des autres nombreuses activités de la Fondation.

 

Un immense merci à Dre Camille Feltesse d’avoir accepté de partager son expérience dans le cadre du programme de fellowship financé par la Fondation Charles-Bruneau. C’est un honneur de savoir que Dre Feltesse continuera à oeuvrer au Québec pour une enfance sans cancer au cours des années à venir.

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